Suzuki GSX-R 1300 B-King : L'essai de la version bridée à 106 ch.Début août 2007, nous vous présentions
le premier essai de la nouvelle Suzuki B-King en version full power sur le circuit allemand du Lausitzring. Outre son moteur dérivé de
l'Hayabusa 2008,
ce nouveau roadster se caractérise par un design très original et un
ensemble de solutions technologiques d'avant-garde. Il y a bien sûr son
quatre cylindres extrêmement puissant et coupleux, doté de soupapes en
titane, d'une double injection, d'un système S-DMS qui permet de
modifier la courbe de puissance, mais aussi le cadre et le bras
oscillant en alu moulé, les suspensions entièrement réglables, le
freinage radial... Il y a quelques semaines donc, nous avons été
surpris par le caractère sensationnel de la mécanique et surtout ravis
par l'équilibre d'ensemble de la partie cycle, qui gère à merveille le
poids relativement important et les performances ahurissantes de cette
moto. Mais il s'agissait aussi de la version full power testée sur un
circuit au revêtement presque parfait ! Qu'en est-il de la version
française où pratiquement 80 ch. disparaissent ? Conservera-t-elle ce
formidable coup de pied au c... à mi-régime ? La B-King réussira-t-elle
à conserver un comportement aussi neutre sur route ? Si l'on se réfère
à bon nombre de
sportives- mais aussi de routières - affichant des puissances incroyables en
version libre et se révèlant par la suite décevantes en version bridée,
il y avait en effet de quoi se montrer inquiet, ou en tout cas
dubitatif avant cet essai. Pourtant, et c'est assez rare pour être
souligné, pour une fois la version française a été "soignée", dixit le
constructeur. Certes la B-King reste une moto conçue pour s'exprimer
sur une plage de couple et de puissance plus étendue, mais chez Suzuki
on a fait l'effort de mieux remplir les bas régimes, de sorte à rendre
le moteur plus vivant en utilisation routière et ceci, grâce à
l'électronique ! La version française affiche donc une puissance de 106
ch. à 9 200 tr/min (au lieu de 183,5 ch. à 9500 tr/min). Le couple
quant à lui, passe de 14,9 à 13 mkg, mais - c'est le plus important -
il atteint cette valeur à seulement 5 600 tr/mn au lieu de 7 200 tr/mn
dans la version libre. Pour vérifier tout ça, nous avons effectué un
essai dans l'arrière-pays toulonnais (jusqu'à Castellane), en alternant
petites routes, ville et axes rapides.
C'est plein, agréable et ça démarre à partir de 2 500 tr/min !Toujours aussi facile à prendre en main malgré un gabarit imposant,
la B-King est une moto qui se pilote aisément en ville. Ce n'est pas
une moyenne cylindrée, mais au milieu du trafic aoûtien de la côte
méditerranéenne, elle n'est pas du tout difficile à mener grâce à la
maniabilité de son train avant, son large guidon, la souplesse du
moteur et à la douceur de sa transmission. Lors des arrêts ou des
demi-tours, la faible hauteur de selle est aussi appréciable, tout
comme la relative efficacité des rétroviseurs ou l'ergonomie des
commandes. Bref, on se sent de suite en confiance avec cette moto et
finalement il faut plus de temps pour assimiler les lignes de son
habillage que pour la conduire.
Dans la petite ville de Saint-Tropez en tout cas, lieu d'une halte
réparatrice, la B-King a même connu un succès extraordinaire auprès des
vacanciers et même de la police locale !
Sur les petites routes qui montent vers les Gorges du Verdon, cette
sensation de facilité est toujours présente, avec en plus une étonnante
facilité à enchaîner les virages à faible vitesse. En enroulant
tranquillement, vous n'avez pas, mais vraiment pas l'impression de
conduire une telle cylindrée. Il suffit de couper les gaz à l'approche
du virage en se laissant ralentir par le frein moteur, prendre le
virage puis remettre les gaz en s'appuyant sur l'énorme couple. C'est
souple, plein, agréable et ça démarre à partir de 2 500 tr/min ! Cerise
sur le gâteau, si le revêtement est mouillé ou l'adhérence devient
précaire, il suffit de faire une halte et d'enclencher le mode B du
S-DMS placé sur la console sur le réservoir. Vous disposerez alors
d'une accélération encore plus progressive et... d'environ 30% de
puissance en moins ! C'est bien vu.
Finalement, ce qui peut gêner le plus lors d'une conduite de type "
tourisme " (la B-King en est parfaitement capable), concerne la
position de conduite légèrement en appui sur le guidon et une distance
selle / repose-pieds trop réduite, surtout pour les grands gabarits.
Pour le reste, de la progressivité du freinage à l'agrément de
conduite, ce n'est que du bonheur, au point de se demander pourquoi
Suzuki n'a pas conçu deux sacoches et un tête de fourche au moins en
option...
L'avancée technologique est spectaculaire ! En accélérant un peu la cadence, au gré des virages qui s'ouvrent et
du paysage qui devient moins accidenté, on découvre la B-King sous une
autre facette, celle-là un peu plus sportive. Alors que sur la version
full power la grosse poussée du moteur était perceptible à environ 6
500 tr/mn, la version française décolle pour de bon aux alentours des 4
500 tr/min. Malgré tout, les sensations diffèrent, car la puissance
n'arrive pas de manière brutale en vous arrachant les bras comme sur la
version libre. Mais on peut vous assurer que c'est largement suffisant
car sur une large plage de régime - jusqu'à 8 000 tr/min - la B-King
pousse fort et la roue avant a même tendance à se soulever ! À ce petit
jeu, on peut bien sûr se poser des questions sur le potentiel de la
machine à encaisser les gros freinages, les changements d'angles et
autres enfilades rapides... La B-King reste un gros roadster et avec ce
type de machine un n'a pas trop l'habitude de jouer ainsi. Eh bien
détrompez-vous, sans proposer l'agilité d'un roadster 600 cm3 ou la
précision d'une vraie sportive, la Suzuki procure beaucoup de plaisir
tout en se montrant efficace. Coté comportement en tout cas, on est
loin des roadsters classiques telle une
Yamaha XJR 1300 ou une
Suzuki GSX 1400.
L'avancée technologique est ici pour le moins spectaculaire et
incomparable en tout cas avec ses devancières dérivées de la production
des années 80/90. Lors d'un gros ralentissement par exemple, le
freinage répond avec mordant alors que le système anti-dribbling
empêche la roue arrière de sautiller. Les changements d'angles sont
bien plus rapides, la tenue en courbe nettement plus sécurisante et la
motricité en sortie bien meilleure. Nous avons été impressionnés par
l'efficacité des suspensions qui absorbent très bien les inégalités de
la route et le parfait accord entre l'avant et l'arrière. Finalement,
le gros reproche que l'on pourrait faire à cette B-King est de mettre
un peu trop en confiance celui ou celle qui la conduit puisque, à cause
de sa facilité, elle incite à tourner toujours un peu plus la poignée
de gaz. Dans ce cas, il faut être capable de gérer une moto qui affiche
un poids respectable et qui devient de plus en plus exigeante à mesure
que l'on accélère la cadence. En clair, il vaut mieux ne jamais trop se
laisser embarquer et tenir compte qu'en allant jusqu'aux limites de la
machine, déjà respectables en version française, l'agilité que nous
avons soulignée devient toute relative
Avantage : B-King françaiseDisponible aux alentours de la mi-septembre 2007 en concession, la
Suzuki GSX-R 1340 B-King sera proposée au prix de 13 699 €. Mais la
véritable surprise vient du fait que cette version "bridée" nous
apparaît plus adaptée à un usage quotidien et routier que la version
libre. Cette dernière est vraiment trop puissante et finalement moins
exploitable sur route. Selon Suzuki France, chaque concessionnaire
devrait disposer d'une moto de démonstration et nous ne pouvons que
vous inciter à l'essayer avant de signer le chèque si cela est votre
intention. Vous découvrirez alors un roadster débordant de caractère
mais facile et agréable à conduire. La B-King saura vous séduire par
son coté "gros cube", sa polyvalence d'utilisation (pour un roadster),
la qualité de ses finitions, sans oublier l'originalité de ses lignes.
Coté aspects pratiques en revanche, l'engin n'a vraiment rien de
folichon vu que vous ne pouvez rien mettre sous la selle et que les
poignées passager sont proposées en option... Prévoyez, en cas de
conduite sportive, un gros budget pneus et ne vous attendez pas à une
grande autonomie.
Par Francesco Scuderi
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